" Et comme un long linceul trainant a lŽorient..." ( Baudelaire )
Maintenant la lumiere rase la campagne, l´affine au biseau. Les grands heliotropes hochent la tete. Le ciel s´empale sur les pousses de mais , en rangs serres comme des hallerblades . Le couchant s´epanche sur les baionnettes aigues des peupliers . Lumiere hemorragique. Ciel d´enluminures , comme on en voit sur les manuscrits medievaux. La sierra de " los Pahadillas " au loin ecrit l´horizon en lettres gothiques. Demain saille au fond cu ciel. J´arrive recru de fatigue, a l´oree de Coronel Pringles. Le gerant d´une station essence me remet de bonne grace les cles d´une remise, ramassis de bric et de broc, outils gaines de poussiere, statues mutilees , ou je me mets a mon aise. Par les fenetres brisees, par la porte grande ouverte, le soir exhaustif entre et s´epand comme une tache d´huile sur le sol. Ma radio exhume en grasseyant les victimes de la dictature. Tango des annees noires. Maintenant la nuit tient la ville dans ses serres.