Fiesta a Saragosse

Publié le par Mickael

 Approche de Saragosse. Je me perds dans un plan de la ville plaque sur un arret de bus. On est 4 devant ,tous en voyage, tous essayant de tenir un fil dans le reseau confus des calle et des avenida, pourtant tracees au cordeau. Les 3 autres apparemment logent dans un hotel. Il est 18 h , je suis recru de fatigue apres plus d´une heure de route dans la banlieue de la cite aragonienne. Il m´en faudrait au moins autant pour sortir de la ville et trouver un coin isole ou planter la tente. ..Je passerai la nuit ici, dut elle etre blanche. Pour l´instant je cherche le coeur de la ville. J´y suis en fait happe, drosse par des courants contre lesquel j´aurai bien du mal a lutter. ceux d´une foule de plus en plus dense et bien plus forte que moi  . Je cherchais le coeur de la ville, voila qu´il bat la chamade et se referme sur moi. Toute la jeunesse de Saragosse est sortie dans la rue. Est-ce le Grand Soir? Ce n´est pas des paves qu´ils ont dans les mains mais des bouteilles. Ce n´est pas non plus des molotov qui claquent dans l´air apesanti mais juste des feux du bengale.La fiesta a ses milices de jeunes, lyceens ou etudiants, qui mettent la ville sens dessus dessous. Ce sont d´especes de rezzous vociferant qui defilent en procession. Impossible de marquer le pas et de tenir la cadence sur la route hallucinee. La biere et la sangria coulent a flot. La ville est profonde dans le soir et percee comme le tonneau d´Heidelberg.

 

J´apprends bientot que la fiesta dont j´ignorais totalement la tenue celebre la decouverte de l´Amerique par Christophe Colomb qui n´etait pas espagnol. Qui ne l´est toujours pas d´ailleurs.Hum. Je tiens mes sources d´un trentenaire plein comme un barrique, qui me predit quíl va se faire remonter par sa femme en rentrant.   Nous titubons tous les deux dans l´avenue de l´Independencia. Moi parce que je suis trop charge. Lui parce qu´il a trop bu.Sans doute pour oublier sa femme. Je suis gris de fatigue et bientot de biere. Je suis sur mon guidon comme au bar. On me pousse a finir des verres et des pintes. Dans l´etat de fatigue ou je suis, cela monte instantanement a la  tete.  Je demande partout a la ronde si c´est possible de trouver un hotel cheap, tout en m´agrippant a mon velo constamment secoue par les gens. Un auto collant est apparu sur un des bagages. Apparemment, c´est la plus grosse fiesta de l´annee a Saragosse. Au bout d´une heure je perds l´espoir de pouvoir dormir. Il faudra passer la nuit au milieu de la gringue. Je me met alors en quete d´un endroit ou faire garder mon velo. N´importe qui, un poste de police, le parking d´un hotel... Impossible.

Je traine ma monture jusqu´aux fortifications de Saragosse. Je vais y rester 2 heures a m´y  delasser .D es enfants  se chamaillent dans les  remparts en ruine encomme de petits singes dans un temple de Borobodur. Chat perche sous l´oeil endormi des lions d´Aragon.  A cette distraction s´ajoute bientot des feux d´artifice, escamotant etoiles et lunes dans un poudroiement de couleurs . Il est minuit. En deambulant dans une rue adjacente, je tombe sur la fabuleuse cathedrale de Saragosse dont les domes bleues luisent doucement. La lune est accrochee comme un pendant d´oreille au faite d´un clocher. Je suis presque estomaque tant cela est beau. Je n´´ai aucun guide, j´ignorais completement la presence d´un tel joyau, et la ville et ses toitures me l´avaient completement masquee, du sous bassement jusqu´au plus haut clocher. J´ai l´impression d´etre projete a saint petersbourg.

2h . Des enfants valdinguent un peu partout devant l´immense porche. J´espere que cela va rester anime jusqu´au bout de la nuit.  Une fillette fait claquer ses semelles sur le parvis et tisse une dentelle de geste dans l´air. Flamenco.  

3H le dernier concert s´acheve, la place se vide. J´envisage de passer la nuit a la terrasse d´un bar.

3h30 Un peu fatigue. Un cafe et du Gorcia Lorca pour me fouetter le sang. Toujours assis a ma terrasse. sous une galerie ponctuees par 2 silhouette allongees contre un des murs.  Gisants pris dans le sommeil et l´alcool.

4h00   Deux jeunes ouvrent la porte contre laquelle etait pose mon velo. On engage la conversation, ils s´interessent a mon voyage.L´un des deux me parle en francais de son annee passee a Paris . Il appuie tous ses propos d´un  vehement "poutain " importe de France et legerment corrompu par l´accent. Un tour du monde a velo ? " Poutain ! " Les bars vont tous fermer. Il m´affirme que les gens a cette heure vont devenir fous, que je peux finir la nuit avec mon velo dans la cage d´escalier de la vieille batisse ou il loge. Je decline son invitation en boite et reste affale sur le pallier au milieu de mes bagages. Il est parti bruler sa nuit jusq´au bout et m´a laisse sur la couverture de  Lorca son mail afin que je lui laisse des nouvelles. Son mail...Une sorte de trait irregulier ,maladroit, le genre de trucs qu´on voit sur un sismographe. Illisible. Champollion s´en sortirait pas. De toute maniere, dans quelques heures il m´aura oublie.

6h30 Un grincement de porte me fait sortir de ma somnolence. Un gars, la quarantaine, me regarde mechemment et m´enjoins vivement de partir. Il ne veut pas que ses enfant tombent sur moi., dans son escalier ou je n´ai rien a faire et que j´encombre.J´obtempere.

Dehors.Les gens sont livides. L´aube est seulement sur les visages. Certains s´aident a regurgiter leur nuit.

Des gens, ages pour la plupart, se dirigent vers le porche de la cathedrale et s´y engouffrent. L´architecture catholique m´inspire generalement une sorte de crainte. A forciori quand elle est gothique est baroque. Jugement dernier, archange, voute pesante et coercitive, crucifix saillant dans les enfoncures. Christ torture , avec des yeux de hareng frit, comme dans les peintures de Ribera. Ici c´est Goya qui remplit le plafond. Pour le coup c´est pour moi les jardins de gethsemani qui s´ouvrent. Je suis aussi rassure que si le soleil s´etait leve. Cela ne devrait maintenant tarde. Le ciel a fait ses ablutions. Les portes de la cathedrale ouvertes a double battant. Le soleil hisse comme une voile rouge et gonfle sur l´horizon. Je m´agenouillerai presque comme un egyptien devant le dieu Re. Le soleil precise au biseau les contours de la cathedrale. La nuit est passee.

 

 

Publié dans cyclotropisme

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Y
o voyageur au braquetsur / saccoches lourdes/baluchon pleinsache que toujoursles yeux d'elsasont bleusen espagne ou ailleurroule roule roule jeune poete de la fesse saragosseet fait lui la fête
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M
La goulue
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M
Ok . Je vois. un fumet de saucisse monte a mes oreilles. Starsbourg. <br /> C´est tout ce que j´ai. Un peu de pittoresque. Le plaint chant de l´orgue dans la cathedrale . Le castrat et sa mandoline , les bourses qui se remplissent. Il faut dire qu´on les avait videes. Pour cette voix , O cette voix aigrelette, perchee comme une gargouille , cette voix qui fache par moment le lourd bourdon de l´orgue ou de la cloche.<br /> Doux carillon des couilles<br /> Sous l´oeil des gargouilles. <br /> Une cuisine qui ressemble au bateau lavoir. Un affluent du Rhone qui passe un bras par la fenetre . Hemorragie. <br /> Vie liquide. Attention Jeff a la somnolence.<br /> Attention a la pluie Jeff. Ta chambre est d´aquarelle.  <br /> T´es pas tout seul Jeff.. A dormir . <br /> Eluard. "Je reve que je reve" . <br /> He Strasbourg, combien de jours du ciel a tes clochers ?<br /> Quartier bizzarre ou les maisons s´epaulent.<br /> Yann, espece de gargouille de musee .  Ou t´as mis le Munch ? Arrete de chatouiller la joconde . Et laisse  au nain sa grosse muse de gouache.
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M
Ouais. Finalement elle a fonce comme un rhinoceros .<br /> Mais qui est tu O yaya joueur de yoyo ?
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Y
la nuit est passée vive la nuit
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